Irremplaçables chiens d'assistance

Texte de Jean-luc Vuillemenot

Photos de Maurice Vauclin

Extrait  de 30millions d'amis  de septembre 2001

Un rire tonitruant, un sourire charmeur : c'est Charlotte. L'allure espiègle, la truffe en quête de caresses : c'est Lehmann. Cela fait maintenant plus de quatre ans que ce superbe golden retriever, accueilli au départ dans la famille de Brigitte, accompagne sa maîtresse dans tous les gestes de la vie quotidienne. Sans lui, comme pour d'autres personnes en fauteuil roulant, 1'existence serait plus difficile. Ou bien il serait nécessaire de faire plus souvent appel a une tierce personne. Mais au-delà de la bonne cinquantaine de commandes que ces chiens sont capables d'exécuter pour aider leur maître, c'est l'apport affectif qui prédomine : "Un vrai pot de colle ! Il adore les câlins. Le soir à la maison, c'est une présence. Et je peux lui confier quelque chose, il n'ira pas le répéter !" s'esclaffe Charlotte. Frappe par la terrible maladie qu'est la myopathie, Christophe, avec son accent du sud, confirme cet attachement : "Mon Niddle, c'est une pâte !".

Formés pour rendre une aide technique, les chiens d'assistance s'inscrivent pleinement dans la compensation des incapacités : "Nevada me permet d'accroître mon autonomie; je sollicite moins les autres. Elle accomplit des gestes que je faisais au prix de tellement d'efforts et de douleur!" insiste Francisco. Toujours vigilante, prête à alerter son entourage en cas de problème, Nevada lui est vite devenue indispensable : "Elle est mes bras, je regrette de ne pas l'avoir eue plus tôt" et d'ajouter : "Nevada, c'est un rayon de soleil, test une partie de moi-même... " De son côté, battante malgré la paralysie consécutive a son accident, Charlotte confirme : "Lehmann ramasse les objets a terre, m'ouvre les placards; les portes. II m'évite des fatigues qui provoquent des contractures. Pour mon handicap c'est essentiel, car les contractures augmentent le risque de chute. Et son action protège mes mains, ce qui préserve mon autonomie. "

Et puis il y a le regard des autres, qui se tourne enfin vers la personne en fauteuil "A la boulangerie, par exemple, il y a des marches et les gens ne me voient pas arriver Alors je fais aboyer Odiak, le labrador sable qui m'accompagne depuis 2 ans, et les gens 1èvent la tête", explique Thi Kim, paraplégique à la suite d'une poliomyélite. Car le chien d'assistance provoque "un sentiment affectueux et attendrissant pour lui. On regarde alors son copain avec un oeil attendri. Paradoxalement, le chien améliore la condition de son maître"; explique Boris Cyrulnik, psychiatre. Du coup, il offre une passerelle entre la personne en fauteuil et l'environnement social.