Une formidable chaîne de solidarité

Texte de Jean-luc Vuillemenot

Photos de Maurice Vauclin

Extrait  de 30millions d'amis  de septembre 2001

Les chiots sélectionnés par l'ANECAH sont placés de l'age de trois à dix-huit mois dans des familles d'accueil bénévoles dont le rôle est de les socialiser et de les habituer à la vie future en participant à leur pré-éducation Tous les quinze jours, ces familles suivent un cours spécifique encadré par un éducateur de l'ANECAH ou un délégué régional. Ces hommes et ces femmes jouent un rôle prépondérant dans la formation des futurs chiens d'assistance. Sans cet engagement, il manquerait un maillon essentiel à cette formidable chaîne de solidarité. Avec discrétion, dans la pudeur, tous s'effacent au moment de la remise du chien à son maître handicapé. Ils ont accepté de témoigner pour cet anniversaire. Ecoutons-les.

Marie Annick, cadre infirmier dans un service gériatrique, à la rigueur de ces professionnels de la santé qui côtoient tous les jours la maladie et la déchéance, mais aussi le sourire qui réconforte ceux qui l'entourent. Rendre service aux autres, c'est pour elle comme une seconde nature.
 Alors le jour où l'ANECAH a eu besoin d'un coup de pouce, il n'était pas question d'hésiter un seul instant. Nevada, puis Pluto, sont passés entre les mains de cette famille d'accueil nichée entre le pays nantais et la Vendée. Nevada, femelle golden retriever, accompagne maintenant Francisco. C'est d'ailleurs cet objectif essentiel qu'il ne faut jamais perdre de vue : "On signe un contrat moral et il ne faut jamais oublier que l'animal ne nous appartient pas. Au
fil du temps, nous devons nous faire à l'idée qu'il va nous quitter et devenir un chien d'assistance. "
Si dans le foyer le chiot doit avoir un référent, c'est-à-dire une personne qui le guide dans son éducation, toute la famille a participé à sa prise en charge : "Les tâches étaient réparties. Mon mari jouait avec elle, ma fille la faisait travailler et moi je m'en occupais pendant les pauses. "

Le chiot passant toute son enfance au sein d'une famille d'accueil, c'est donc chez elle qu'il multiplie les bêtises liées à son jeune age chaussons dévorés, papiers peints griffés, petits "oublis", jappements plaintifs , etc. Toutes ces difficultés n'empêchent pas Danielle d'avoir reçu cinq chiots depuis sept ans "Comme nous commençons à l'éduquer dès l'âge de 3 mois, nous les voyons évoluer très vite. Et puis, il faut recommencer ! Mais ce n'est pas un problème ; le plus dur c'est l'attachement" avoue cette Normande à l'altruisme chevillé au corps. Pour elle, tout a commencé après avoir vu une démonstration près d'Alençon, où se trouve le tout premier centre de formation de l'ANECAH. Après une année de réflexion, elle et son mari ont décidé de plonger dans l'aventure : "Ce sont des animaux qui partagent notre vie 24h sur 24. Nous avons une forte intimité avec eux. Mais c'est un plaisir. Il n'y a aucune contrainte.". Sauf les cours destinés aux familles d'accueil qui ont lieu tous les quinze jours, le samedi après-midi ! .Qu'à cela ne tienne, tous s'y rendent en choeur et aucun ne pense y gâcher son week-end: "On se donne à fond pour réussir, pour rendre heureuse une personne qui attend ce chien. C'est un défi personnel", confirme Brigitte qui en est à quatre chiots

Ayant croisé la route de l'ANECAH en 1994, elle a trouvé là l'occasion de réaliser sa volonté d'aide concrète aux personnel en difficulté "C'est fort de pouvoir aider un gamin à alter h l'école normalement grâce a son chien. Mime s'il ne peut pas jouer au basket avec des copains, lui, il a son super chien !"Ce n'est pas Charlotte, dont le chien Lehmann a été bercé tout petit par Brigitte, qui peut dire le contraire. Ces deux-là font partie, comme bien d'autres, d'une sorte de famille recomposée au fil des promotions de chiens remis par l'ANECAH : "Charlotte est devenue une amie. C'est son chien qui a créé le lien. " Toutes les familles d'accueil apportent le même témoignage, résumé par Danielle : "Le jour de la remise, on fait connaissance avec la personne handicapée qui va recevoir le chien. Ensuite on la revoit et on constate son évolution. Et ceci grâce au chien que l'on a éduqué !" Rares sont les familles qui renoncent : "J'en suis au quatrième, bientôt au cinquième. Et j'espère continuer encore longtemps" assure Brigitte. Comme pour conclure au nom de tous, elle ajoute : `Même si je pleure lorsque le chien part le jour de la remise, je me dis qui j 'ai la chance d'avoir mes jambes et mes bras, et que j ai pu aider quelqu'un à être plus libre.. . "