Marie Bourdin (Ó Nous deux .n°2787)
![]() |
Ma maladie, une amyotrophie spinale, a
commencé quand j’avais 9 mois. Je n’ai jamais marché. Depuis l’âge
de 5 ans, je suis dans un fauteuil roulant. Mes camarades m’acceptaient
comme ça. Beaucoup de gestes de la vie courante me posaient des
problèmes : ramasser les objets qui m’échappaient des mains, allumer
la lumière, prendre le téléphone.
Nous avons vu une personne qui avait un chien d’assistance. C’est comme ça que j’ai découvert cette possibilité. Nous avons fait une demande à l’Anecah* en 1996. L’attente a duré un an, puis une éducatrice de l’association est venue à la maison pour voir si le chien serait heureux chez nous. Elle voulait savoir aussi si je pouvais tenir la laisse et prononcer les ordres. J’ai dû attendre encore un an avant d’être convoqué pour le stage obligatoire de deux semaines. |
Là, nous étions onze
stagiaires, de 5 à 45 ans, pour seize chiens. Nous avons essayé six chiens pour voir lequel nous convenait le mieux. Après, j’ai dû en choisir trois, par ordre de préférence. J’ai sélectionné ceux qui remuaient la queue quand j’étais avec eux, parce qu’ils avaient l’air contents. Les éducateurs ont trouvé le chien choisi en premier un peu trop vif, Morgane, calme et obéissante, venait en deuxième position sur ma liste. J’étais très content qu’elle me soit attribuée. A partir de là, et jusqu’à la fin du stage, je l’ai fait travailler. J’ai appris à me faire obéir, à donner les ordres avec une certaine intonation, et aussi à récompenser Morgane quand elle faisait ce que je lui disais, en lui donnant une caresse ou une croquette. La deuxième semaine, je me suis entraîné avec elle dans les centres commerciaux. Il y avait des contrôles tous les jours. L’avant-dernier jour, j’ai passé un examen théorique et pratique, que j’ai réussi. Après, nous sommes rentrés et nous avons appris à vivre ensemble. L’affection entre nous est venue petit à petit. Au bout de six mois, c’était comme si elle faisait partie de moi. Morgane m’a accompagné en classe. Mes camarades et les professeurs du collège étaient heureux pour moi. Ils savaient qu’ils ne devaient pas s’en occuper, ne pas la caresser. Il n’y a eu des problèmes qu’au moment de mon entrée au lycée. Le proviseur n’avait pas compris que Morgane était un chien d’assistance. Une éducatrice de l’association a dû aller le lui expliquer. Grâce à son intervention, ça s’est arrangé. Morgane dort à côté de mon lit. Le matin, elle vient me dire bonjour. Si mes parents sont dehors, je la fais aboyer pour les appeler. Morgane me ramasse les objets, allume les lumières, décroche le téléphone et me l’apporte, ouvre une porte avec un morceau de tissu accroché à la poignée. Dès que je fais démarrer mon fauteuil électrique, elle se lève pour m’accompagner. Je suis le seul à lui donner des ordres. Morgane m’a rendu plus libre, plus autonome. Mais c’est surtout une copine. Nous sommes bien ensemble. Quand je n’ai pas le moral, je lui parle. Il y a beaucoup d’amour entre nous. Elle pose sa tête sur mes genoux, elle me lèche la main. Depuis son arrivée, ma mère dit que je ne suis plus le même. Mon caractère a changé. Quoi qu’il arrive, il faut que je sois là pour Morgane. |
![]() |
J’ai Nova depuis deux ans. Avant, mon
handicap n’intéressait pas les autres. Maintenant, ils viennent tout de
suite vers moi en me parlant du chien. Nova m’aide aussi dans la vie quotidienne. A la maison, je n’ai plus besoin d’appeler maman tout le temps. C’est Nova qui ramasse les objets, par exemple. Mais c’est bien plus un compagnon qu’une aide. Nova dort dans ma chambre. Le matin, je la fais monter sur le lit. Elle se couche avec moi et on se fait des gros câlins. |
Un animal, c’est aussi un soutien affectif
Hélene Bost-Hourticq médecin et présidente de l’ANECAH , explique :
"Depuis 1989 l’ANECAH éduque pendant deux ans des chiens d’assistance labradors ou golden retrivers. Chaque années, nous remet tons, gracieusement une cinquantaine de chiens éduqués à des personnes handicapées en fauteuil roulant Pour aider leur maître au quotidien ces chiens exceptionnels sont capables d’exécuter plus de 50 ordres Ils soulagent l’entourage et rendant les handicapés plus responsables. En plus de l’aide technique, le présence d’un chien d’assistance admis partout (magasins, écoles, musées, etc.), constitue union social avec l’environnement Elle fait oublier le fauteuil roulant C’est aussi un soutien affectif très important.".